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Discussion(s)

Réponse au questionnaire de Pierre VINOUR

les réponses au questionnaire de Paradoxal de Pierre VINOUR, réalisateur. PIERRE VINOUR Débutant à la réalisation dans les années 80, travaillant sur des fictions, documentaires et films institutionnels en format 8 mm et vidéo, Pierre Vinour tourne son premier court 35 mm en 1990, Paris-Marseille. Attiré par le domaine expérimental, il tourne plusieurs courts, dont Millevaches, qui est nommé aux César en 2002, puis aborde le long avec Supernova expérience # 1, interprété par Philippe Nahon et Catherine Wilkening notamment et qui sort en 2003.

>Questionnaire >

Y a t’il une esthétique (des esthétiques) des films tournés en vidéo ? Si oui, pourriez vous définir une esthétique d’un cinéma en vidéo.

L’esthétique est avant tout une volonté artistique. Le numérique permet de travailler l’image comme jamais, sans frais supplémentaire. Donc oui, il y a une esthétique des films tournés en vidéo, autant qu’il y a de démarches artistiques, de "points de vue" (puisqu’un réalisateur est sensé en avoir un, non ?!). Si le Dogme s’est imposé au départ, c’est qu’anti-Dogme il faut inventer. Prouvons-le ! Chaque cinéaste, aujourd’hui, a les moyens de trouver son style. Sur mes propres travaux, j’ai souvent entendu dire qu’ils se rapprochent d’un travail de plasticien, peintre ou musicien parce que pour moi, faire un film c’est combiner trois matières : le son, l’image et les comédiens... Mais c’est une démarche guidée par la seule volonté d’utiliser au maximum les possibilités offertes par le cinéma.

Dans quelle mesure le choix de la vidéo influence t’il un rapport particulier à l’espace, au temps, à la narration et, d’une manière générale, aux formes cinématographiques ?

À partir du moment où le numérique offre des possibilités de tournage et de post-production avec des moyens légers, il y a forcément une facilité physique à se mouvoir dans l’espace-temps. La Nouvelle Vague c’était déjà ça. Le numérique n’a rien inventé ! Cela favorise une spontanéité dans les choix narratifs, un instinct dans l’acte créatif. Mais le danger c’est d’oublier la réflexion préalable et supprimer toute idée de maturation. Car, oui, l’œuvre doit mûrir en chaque cinéaste ! L’immédiateté de la vidéo ou de la HD ne favorise pas cette notion indispensable qui consiste à “faire son film lorsqu’on se sent prêt”. Et il est dangereux pour la création de ne pas mettre de sens derrière tout acte. Le cinéma français s’est cruellement vidé de sens, et l’Art contemporain fait croire qu’il en a un.

De quelles façons la vidéo enrichirait-elle le langage cinématographique ?

Dans le sens où elle s’impose comme un “territoire de tous les possibles”. La recherche narrative peut désormais se faire avec cette spontanéité de la vidéo et non plus au travers d’un scénario écrit et réécrit sans cesse. La démarche devient visuelle et sonore, et du coup, moins littéraire. De plus, n’étant plus guidé par le mainstream économique dans lequel se meurt la créativité cinématographique française, le cinéaste peut laisser aller ses envies. Mais attention à l’autocensure et à toutes velléités de ne faire un film en vidéo que pour se faire remarquer ! Lorsque j’ai tourné mon dernier court “Millevaches(Expérience)” sur une période de 13 mois, la pression était voisine de zéro puisque je ne savais même pas si à l’arrivée se serait un film ! Alors, de la à penser qu’il irait aux César deux ans après... ! Il est primordial d’avoir une culture mais de se décomplexer pour libérer l’acte créatif .

Le support vidéo semble relancer des questionnements sur la représentation du réel, dans quelle mesure vous semblent t’ils justifiés ?

Il y a une contradiction entre l’assimilation culturelle de la vidéo au réel et tout le travail sur l’imaginaire que nous offre aujourd’hui la post-production numérique. Ce que l’on appelle “cinéma” c’est cette volonté à transcender le réel, d’adopter un point de vue imaginaire sur le monde. Alors : IMAGINONS ! Que le cinéma redevienne “art” ! Et si c’est la vidéo qui nous guide : laissons-nous aller ! Quelque soit le support, la démarche cinématographique “est” ou “n’est pas”. Aujourd’hui, on s’en fout des formats ! Le problème c’est : qu’avons-nous à raconter ? Si la vidéo nous ibère des contraintes économiques, alors ne nous auto-censurons pas ! Si l’on attend d’être aidés ou soutenus : on est morts ! Il faut pousser. Montrer aux politiques, aux institutions, aux professionnels, aux spectateurs, à nous-mêmes, que la création est en mouvement. Bien sûr il faudra être courageux puisque cela sera fatigant. Alors saurons-nous être à la hauteur ?

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Publié 7 mai 2005 par Raoul.
Mise à jour dimanche 22 mai 2005



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